Le 21 MARS 2007
Les travailleurs de la salle des
impressions ratifient à l’unanimité une
convention «exceptionnelle» comprenant
des augmentations totales de 18,7%
Halifax Typographical Union |
Le
Local 30130 de TNG Canada
Les employés de la salle des
impressions du Halifax Herald Ltd. ont ratifié aujourd’hui
une convention collective «exceptionnelle»,
qui augmentera leur salaire de 18,7 pour cent au cours
des quatre prochaines années.
Darren Pittman, le président
jubilant mais fourbu du Halifax Typographical Union,
dont l’équipe de négociation est
parvenu à l’entente provisoire à 11h30
la nuit dernière — à peine une
demi-heure avant l’échéance de
cessation de travail de minuit — nous a communiqué que
les membres se sont prononcés cet après-midi à 100
pour cent en faveur de l’entente.
Les 13 opérateurs sur presse et mécaniciens
industriels recevront une augmentation salariale de
7,6 pour cent la première année, rétroactive
au 1er juillet 2006, suivie d’une augmentation
de 5,6 pour cent la deuxième année et
de 2,75 pour cent au cours de chacune des deux dernières
années de leur convention, qui prendra fin le
30 juin 2010.
L’augmentation de 13,2 pour cent au cours des
deux premières années constitue en fait
un rattrapage pour ces employés dont le salaire
est gelé depuis 13 ans, a expliqué M.
Pittman. Il ajoute que plusieurs autres gains substantiels
ont été réalisés au niveau
de la retraite anticipée, des prestations de
départ, de la sécurité d’emploi
et de la protection des salaires.
Il s’agit de la première convention collective
négociée par ces employés depuis
qu’ils ont quitté le Syndicat canadien
des communications, de l’énergie et du
papier pour se joindre en juin dernier au local de
TNG Canada.
Arnold Amber, directeur de
TNG Canada/CWA, était
enthousiaste: «C’est là toute une
fichue première convention!»
«Il est rare», a-t-il ajouté, «que
les membres d’un syndicat gagnent autant dans
une même convention, et encore plus rare que
cela se produise au niveau de la première convention
d’un nouveau syndicat.»
M. Amber ne tarissait pas d’éloges à l’endroit
des travailleurs de la salle des impressions, qui ont
refusé de se laisser intimider par les menaces
de lockout répétées de la compagnie
qui cherchait à obtenir des concessions importantes:
«Félicitations à tous les membres
de l’unité (de négociation), qui
savaient ce qu’ils voulaient dans leur convention,
et qui ont eu la force de l’obtenir.»
Selon M. Pittman, les membres
n’ont pas flanché une
seule fois au cours des longs mois de négociation.
En fait, note-t-il, «j’ai du les persuader
plusieurs fois de ne pas entreprendre de grève
sauvage (illégale)».
Les travailleurs de la salle
des impressions sont devenus furieux, l’an dernier, lorsque l’entreprise
familiale qui publie le Halifax
ChronicleHerald depuis
1875 a exigé de leur part d’énormes
concessions, après les avoir chaudement félicité deux
ans plus tôt pour avoir réalisé un
travail «fantastique» à l’occasion
de l’installation d’une presse d’avant-garde,
en mettant à niveau leurs compétences
et en aidant à moderniser l’opération.
Le Halifax Herald Ltd. avait
tout d’abord proposé une
entente de six ans sans offre salariale, tout en demandant
aux travailleurs de consentir à certaines concessions
au niveau des juridictions, des payes de vacances et
des primes de retraite. Selon M. Pitman, la direction
les a finalement menacés d’un lockout
s’ils persistaient à conserver une clause
de retraite anticipée qui fait partie de la
convention depuis 10 ans. Les employés, qui
s’étaient prononcés en octobre à 100
pour cent en faveur d’une grève si nécessaire,
se sont empressés d’ajouter qu’ils
pourraient tout aussi facilement survivre à un
lockout.
L’équipe de négociation du quotidien,
a expliqué M. Pittman, a conservé sa
position «à prendre ou à laisser» jusqu’à mardi
après-midi. Deux événements se
sont alors produits qui ont modifié cette attitude
de façon drastique.
Un communiqué de presse, émis par M.
Pittman plus tôt dans la journée pour
révéler la menace de la direction de
vendre ses nouvelles presses si l’entreprise
ne parvenait pas à réduire ses coûts
de main-d’œuvre en obtenant des concessions
importantes dans la convention collective, a été repris
par les médias locaux et s’est avéré une
source d’embarras pour l’employeur.
«Nous trouvons difficile de croire que la survie économique
d’une entreprise telle que le Herald, qui emploie
plus de 350 personnes, repose sur les épaules
de 14 de ses employés», expliquait M.
Pittman dans le communiqué. «Ils nous
ont révélé que la compagnie réalise
des profits, alors pourquoi ces menaces?»
Néanmoins, ce qui a vraiment relancé les
pourparlers, c’est une intervention de David
Esposti, le représentant de TNG Canada qui
aidait le local au cours de ses négociations, à l’endroit
de l’équipe de négociation patronale.
Selon M. Pittman, M. Esposti
a brossé pour
la direction un tableau très clair de ce à quoi
pouvait s’attendre l’entreprise si elle
réalisait sa menace de mettre les employés
en lockout. Les tensions en milieu de travail, dans
les services syndiqués, augmenteraient au point
où la salle des nouvelles deviendrait une véritable
poudrière; la communauté s’insurgerait
et le quotidien risquerait de perdre des annonceurs
et des abonnés.
M. Pittman soutien que toutes
les personnes présentes
dans la pièce ont alors réalisé que
les négociateurs patronaux – qui n’avaient
jamais vécu une grève ou un lockout – ne
réalisaient pas jusqu’alors les retombées
possibles d’un lockout de son personnel.
Soulignant les longues années d’expérience
de M. Esposti à titre de négociateur,
M. Amber affirme que ce dernier est bien connu pour «trouver
des solutions originales à des problèmes
difficiles».
«Au cours des années», dit-il, «David
Esposti a obtenu d’excellentes conventions pour
les membres du syndicat, mais celle-ci demeure exceptionnelle».
M. Pittman abonde en ce sens,
et énumère
les gains que comporte cette nouvelle convention pour
ses membres:
- Menacés de perdre leurs prestations
de retraite anticipée, les 14 membres vont plutôt
en bénéficier dans la nouvelle convention
et dans toutes les conventions à venir. Le paiement
forfaitaire mensuel de retraite est augmenté et,
pour la première fois, sera indexé.
- L’unité de négociation
va acquérir quatre nouveaux membres. Deux mécaniciens
industriels précédemment exclus de l’unité en
feront désormais partie, et la compagnie embauchera
deux nouveaux compagnons opérateurs sur presse.
- Tous les membres de l’unité de
négociation bénéficieront désormais
d’une indemnité de départ (dans
le cas de mises à pied) supérieure au
minimum prévu par la loi et égale à celle
de l’unité de négociation de
la salle des nouvelles.
- Autre première: les employés
de la salle des impressions disposeront d’une
clause précisant qu’ils ne pourront perdre
leur emploi à la suite d’un changement
technologique.
- Pour la première fois, les membres auront à leur
disposition une procédure de griefs pour régler
les infractions à la convention collective.
- Quatre opérateurs sur presse qui ne
possédaient pas le droit de supplantation l’ont
maintenant, de même que la protection de leur
salaire s’ils sont forcés d’accepter
un emploi dans une classification moins bien rémunérée.
Halifax Herald Ltd., la plus importante entreprise
journalistique indépendante au Canada, appartient à la
famille Dennis depuis plusieurs générations.
Sous la direction de Graham Dennis, 79 ans, qui en
est l’éditeur depuis 1954, le journal
est devenu le quotidien au plus fort tirage du Canada
Atlantique, et compte présentement 300 000 lecteurs.
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