Le 21 MARS 2007

Les travailleurs de la salle des impressions ratifient à l’unanimité une convention «exceptionnelle» comprenant des augmentations totales de 18,7%

Halifax Typographical Union | Le Local 30130 de TNG Canada

Les employés de la salle des impressions du Halifax Herald Ltd. ont ratifié aujourd’hui une convention collective «exceptionnelle», qui augmentera leur salaire de 18,7 pour cent au cours des quatre prochaines années.

Le 20 mars 2007
Négociations de dernière minute en vue d’éviter un conflit de travail au quotidien de Halifax


Le 06 mars 2007
Le rapport du conciliateur ouvre la voie à une grève ou à un lockout à ce quotidien d’Halifax


Le 07 février 2007
Les travailleurs de la salle des impressions progressent lentement au niveau d’une nouvelle convention


Le 31 janvier 2007
La direction réitère sa menace de lockout dès le début de la conciliation


Le 12 janvier 2007
Le personnel de la salle des impressions se rend en conciliation


Le 22 décembre 2006
La menace d’un lock-out fait dérailler les négociations


Le 31 octobre 2006
Les opérateurs de presses, furieux, se préparent à une seconde ronde de négociations avec leur employeur parcimonieux


Le 27 juin 2006
Les opérateurs sur presse d’un quotidien de Nouvelle-Écosse se joignent à TNG Canada conventions collectives

Darren Pittman, le président jubilant mais fourbu du Halifax Typographical Union, dont l’équipe de négociation est parvenu à l’entente provisoire à 11h30 la nuit dernière — à peine une demi-heure avant l’échéance de cessation de travail de minuit — nous a communiqué que les membres se sont prononcés cet après-midi à 100 pour cent en faveur de l’entente.

Les 13 opérateurs sur presse et mécaniciens industriels recevront une augmentation salariale de 7,6 pour cent la première année, rétroactive au 1er juillet 2006, suivie d’une augmentation de 5,6 pour cent la deuxième année et de 2,75 pour cent au cours de chacune des deux dernières années de leur convention, qui prendra fin le 30 juin 2010.

L’augmentation de 13,2 pour cent au cours des deux premières années constitue en fait un rattrapage pour ces employés dont le salaire est gelé depuis 13 ans, a expliqué M. Pittman. Il ajoute que plusieurs autres gains substantiels ont été réalisés au niveau de la retraite anticipée, des prestations de départ, de la sécurité d’emploi et de la protection des salaires.

Il s’agit de la première convention collective négociée par ces employés depuis qu’ils ont quitté le Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier pour se joindre en juin dernier au local de TNG Canada.

Arnold Amber, directeur de TNG Canada/CWA, était enthousiaste: «C’est là toute une fichue première convention!» 

«Il est rare», a-t-il ajouté, «que les membres d’un syndicat gagnent autant dans une même convention, et encore plus rare que cela se produise au niveau de la première convention d’un nouveau syndicat.»

M. Amber ne tarissait pas d’éloges à l’endroit des travailleurs de la salle des impressions, qui ont refusé de se laisser intimider par les menaces de lockout répétées de la compagnie qui cherchait à obtenir des concessions importantes:

«Félicitations à tous les membres de l’unité (de négociation), qui savaient ce qu’ils voulaient dans leur convention, et qui ont eu la force de l’obtenir.»

Selon M. Pittman, les membres n’ont pas flanché une seule fois au cours des longs mois de négociation. En fait, note-t-il, «j’ai du les persuader plusieurs fois de ne pas entreprendre de grève sauvage (illégale)».

Les travailleurs de la salle des impressions sont devenus furieux, l’an dernier, lorsque l’entreprise familiale qui publie le Halifax ChronicleHerald depuis 1875 a exigé de leur part d’énormes concessions, après les avoir chaudement félicité deux ans plus tôt pour avoir réalisé un travail «fantastique» à l’occasion de l’installation d’une presse d’avant-garde, en mettant à niveau leurs compétences et en aidant à moderniser l’opération.

Le Halifax Herald Ltd. avait tout d’abord proposé une entente de six ans sans offre salariale, tout en demandant aux travailleurs de consentir à certaines concessions au niveau des juridictions, des payes de vacances et des primes de retraite. Selon M. Pitman, la direction les a finalement menacés d’un lockout s’ils persistaient à conserver une clause de retraite anticipée qui fait partie de la convention depuis 10 ans. Les employés, qui s’étaient prononcés en octobre à 100 pour cent en faveur d’une grève si nécessaire, se sont empressés d’ajouter qu’ils pourraient tout aussi facilement survivre à un lockout.

L’équipe de négociation du quotidien, a expliqué M. Pittman, a conservé sa position «à prendre ou à laisser» jusqu’à mardi après-midi. Deux événements se sont alors produits qui ont modifié cette attitude de façon drastique.

Un communiqué de presse, émis par M. Pittman plus tôt dans la journée pour révéler la menace de la direction de vendre ses nouvelles presses si l’entreprise ne parvenait pas à réduire ses coûts de main-d’œuvre en obtenant des concessions importantes dans la convention collective, a été repris par les médias locaux et s’est avéré une source d’embarras pour l’employeur.

«Nous trouvons difficile de croire que la survie économique d’une entreprise telle que le Herald, qui emploie plus de 350 personnes, repose sur les épaules de 14 de ses employés», expliquait M. Pittman dans le communiqué. «Ils nous ont révélé que la compagnie réalise des profits, alors pourquoi ces menaces?»

Néanmoins, ce qui a vraiment relancé les pourparlers, c’est une intervention de David Esposti, le représentant de TNG Canada qui aidait le local au cours de ses négociations, à l’endroit de l’équipe de négociation patronale.

Selon M. Pittman, M. Esposti a brossé pour la direction un tableau très clair de ce à quoi pouvait s’attendre l’entreprise si elle réalisait sa menace de mettre les employés en lockout. Les tensions en milieu de travail, dans les services syndiqués, augmenteraient au point où la salle des nouvelles deviendrait une véritable poudrière; la communauté s’insurgerait et le quotidien risquerait de perdre des annonceurs et des abonnés.

M. Pittman soutien que toutes les personnes présentes dans la pièce ont alors réalisé que les négociateurs patronaux – qui n’avaient jamais vécu une grève ou un lockout – ne réalisaient pas jusqu’alors les retombées possibles d’un lockout de son personnel.

Soulignant les longues années d’expérience de M. Esposti à titre de négociateur, M. Amber affirme que ce dernier est bien connu pour «trouver des solutions originales à des problèmes difficiles».

«Au cours des années», dit-il, «David Esposti a obtenu d’excellentes conventions pour les membres du syndicat, mais celle-ci demeure exceptionnelle».

M. Pittman abonde en ce sens, et énumère les gains que comporte cette nouvelle convention pour ses membres:

  • Menacés de perdre leurs prestations de retraite anticipée, les 14 membres vont plutôt en bénéficier dans la nouvelle convention et dans toutes les conventions à venir. Le paiement forfaitaire mensuel de retraite est augmenté et, pour la première fois, sera indexé.

  • L’unité de négociation va acquérir quatre nouveaux membres. Deux mécaniciens industriels précédemment exclus de l’unité en feront désormais partie, et la compagnie embauchera deux nouveaux compagnons opérateurs sur presse.

  • Tous les membres de l’unité de négociation bénéficieront désormais d’une indemnité de départ (dans le cas de mises à pied) supérieure au minimum prévu par la loi et égale à celle de l’unité de négociation de la salle des nouvelles.

  • Autre première: les employés de la salle des impressions disposeront d’une clause précisant qu’ils ne pourront perdre leur emploi à la suite d’un changement technologique.

  • Pour la première fois, les membres auront à leur disposition une procédure de griefs pour régler les infractions à la convention collective.

  • Quatre opérateurs sur presse qui ne possédaient pas le droit de supplantation l’ont maintenant, de même que la protection de leur salaire s’ils sont forcés d’accepter un emploi dans une classification moins bien rémunérée.

Halifax Herald Ltd., la plus importante entreprise journalistique indépendante au Canada, appartient à la famille Dennis depuis plusieurs générations. Sous la direction de Graham Dennis, 79 ans, qui en est l’éditeur depuis 1954, le journal est devenu le quotidien au plus fort tirage du Canada Atlantique, et compte présentement 300 000 lecteurs.