Le 02 juin 2006
La 'correction' par un arbitre de
la définition de responsable gonfle les rangs
du syndicat
Association
des Employés de Bureau de Schneider | Le
Local 30009 de TNG Canada
Un arbitrage à toute allure
a réussi pour l’Association des employés
de bureau de Schneider (SOEA) ce que plus de deux décennies
de négociations n’avaient pas pu accomplir:
inclure dans l’unité de négociation
des douzaines – sinon plus – de travailleurs
que l’employeur qualifiait de «responsables».
La décision en faveur de la SOEA au niveau
de trois de cinq griefs «a confirmé notre
position à l’effet que l’entreprise
abusait des exclusions et refusait injustement à plusieurs
employés le droit de se syndiquer», explique
Arthur Lacroix, président de l’unité de
négociation. Une des tactiques les plus fréquentes
consistait à «greffer le nom de "responsable" à plusieurs
postes afin de les faire exclure du syndicat».
C’est une énorme victoire
pour la SOEA, qui s’oppose à l’employeur
sur cette question depuis sa certification, il y a
23 ans. Au cours des années, plusieurs griefs à ce
sujet ont été réglés avant
d’atteindre le stage de l’arbitrage. «C’est
la première fois qu’un grief fait l’objet
d’une décision arbitrale. Le système
a fonctionné!» ajoute Lacroix d’un
ton incrédule.
Son scepticisme n’est pas surprenant. Depuis
le tout début, Les aliments Schneider a réussi à empêcher
le syndicat de gagner plus de terrain à son
bureau chef et usine de Kitchener, Ont. En 1983, 300
employés cols blancs travaillaient à cet
endroit, mais seulement 140 faisaient partie de l’unité de
négociation. En dépit du fait que le
nombre des employés de bureau a doublé depuis,
la SOEA n’a jamais compté plus de 170
membres.
«Ça prouve bien que quelque chose ne
tourne pas rond», ajoute Lacroix. «J’espère
que nous allons maintenant pouvoir corriger ce déséquilibre» et
syndiquer un pourcentage plus élevé d’employés
de bureau maintenant que l’employeur «a été corrigé au
niveau de ce qui constitue une exclusion acceptable
de l’unité de négociation».
Les cinq griefs étaient tous apparentés à une
cause type, en ce sens que trois des postes exclus
pouvaient s’appliquer à plusieurs employés,
tandis que les deux derniers s’appliquaient à des
postes occupés par un seul travailleur.
L’arbitre Russell Goodfellow, qui a entendu
les cinq griefs en une seule journée, en novembre
dernier, a déterminé que les postes à un
seul employé de Responsable des affaires du
consommateur et de Responsable de la conservation des
dossiers/agent de protection de la vie privée étaient
correctement exclus de l’unité de négociation.
Toutefois, les postes de Responsable
de l’élaboration
des applications, de Responsable de projet, systèmes
d’information et de Superviseur des finances – coûts,
ont été déterminés des
postes de «chef de groupe», qui supervisent
ou coordonnent mais n’ont pas d’autorité décisionnelle,
par exemple au niveau de l’embauche et de la
mise à pied.
«Bon nombre de travailleurs pourraient être
touchés» par cette décision, poursuit
Lacroix. Par exemple, l’entreprise pourrait avoir
des douzaines de responsables de projets ou de processus,
qui seront maintenant tous intégrés à l’unité de
négociation. Elle exercera également
un impact dans plusieurs secteurs de l’exploitation. «Nous étudions
maintenant les postes de superviseurs et de coordonnateurs
dans tous les services. Et nous évaluons également
d’autres postes aux fonctions semblables, mais
aux noms différents.»
Selon Lacroix, certaines dispositions
financières
devront également faire l’objet de pourparlers
avec l’entreprise – notamment les cotisations
rétroactives dues au syndicat. Il souligne que
certaines des questions de compensation pourraient
s’étendre sur plusieurs années.
Cette décision ne pourrait survenir à un
moment plus propice. Les aliments Maple Leafs, connu
pour son antisyndicalisme et qui s’est porté acquéreur,
il y a deux ans, d’aliments Schneider, est en
pleine réorganisation et transfère services
et employés entre Kitchener et son siège
social de Mississauga, près de Toronto.
«Cela laisse à l’entreprise beaucoup
moins de flexibilité au niveau des postes qu’elle
peut garder ici ou transférer en vue d’éviter
le syndicat», pense Lacroix. «Je suis certain
que (la réorganisation) va les forcer à revoir
leurs plans.» Il explique que les employés
couverts par la portée de la convention collective
deviendront automatiquement membres de la SOEA s’ils
sont transférés au bureau de Kitchener.
Au moins, les employés qui feront maintenant
partie de l’unité de négociation
seront en mesure de s’opposer aux tentatives
de l’entreprise pour les faire quitter Kitchener.
Les membres de la SOEA, après avoir été un
an sans convention, on voté à contre
cœur, l’automne dernier, en faveur d’une
entente rétrograde pour avoir un accès
garanti au processus de griefs leur permettant de lutter
contre de tels transferts.
Lacroix ajoute que l’exode d’employés
compétents et expérimentés, entamée
en 2005, a maintenant réduit à 135 le
nombre de membres de la SOA et se poursuit.
«La plupart des gens cherchent ailleurs, parce
qu’ils ne sont pas certains d’avoir un
emploi, ici, dans six ou 12 mois.» Grâce
aux coupures et aux concessions imposées aux
employés de bureau par la direction, l’herbe
semble définitivement plus verte ailleurs. Selon
Lacroix, «beaucoup de gens qui ont décidé d’aller
travailler ailleurs ont décroché de meilleurs
emplois». |