Le 24 dÉcembre 2003

Un local en décroissance s’oppose
à toute autre réduction des effectifs

Moncton Typographical Union | Le Local 30636 de TNG Canada

Le nombre d’employés syndiqués du Times & Transcript, propriété du Groupe Irving, est aujourd’hui minuscule comparé à ce qu’il était il y a 20 ans, mais les membres sont déterminés à ne pas laisser l’employeur décimer encore plus leurs rangs.

Ce message sans équivoque a été transmis à l’éditeur, Victor Mlodecki, lorsque l’équipe de négociation du syndicat lui a annoncé l’adoption, le 6 décembre, d’un vote unanime de grève. On s’attend à ce que la médiation débute en janvier.

TNG Canada.org
Bataille décisive à Moncton: Un projet de convention collective transforme des pacifistes en une «foule en colère»

Rod Allen, président de la Moncton Typographical Union, dit qu’une seule des unités éligibles ne s’est pas présentée pour voter, et que cette absence était inévitable.

 «Croyez-moi, tout le monde désirait se trouver ici pour le vote», explique Allen. «Plusieurs de nos membres sont jeunes mais, tout comme moi, certains se rappellent que le local comprenait plus de 200 membres au début des années 1980. Il n’en reste plus maintenant que 35 – ou 52, si on compte les membres en attente d’une décision arbitrale sur ce qui, à notre avis, constitue leur licenciement injuste il y a presque trois ans.»

«Même s’il est très tard», poursuit Allen, «nous devons néanmoins établir une limite.»

La très profitable Brunswick News Inc. est la propriété du géant Irving. BNI est de son côté propriétaire du Times & Transcript, ainsi que de tous les autres quotidiens de la province, de la majorité des hebdos, et de plusieurs établissements de radiodiffusion.

Les négociations avec l’employeur ont débuté en août, mais n’ont duré qu’environ trois heures.

Au stade de conciliation, à la fin d’octobre et au début de novembre, le local a réussi à résister à certains efforts de l'employeur en vue de poursuivre les réductions de personnel, mais la question n’est pas encore résolue.

L’employeur tenter de remplacer le régime de retraite négocié du syndicat par un RÉR de groupe, de réduire l’horaire de progression des vacances, de remplacer les travailleurs employés au tarif négocié de compagnons par des travailleurs payés deux fois moins cher, ainsi que d’autres mesures.

L’entreprise a offert un contrat de deux ans comportant une augmentation salariale de 1,5 pour cent par an.

Étant donné qu’en vertu de la proposition de RÉR de groupe, l’employeur effectuerait un paiement proportionnel à celui des employés jusqu’à un maximum de quatre pour cent, le syndicat veut obtenir une augmentation de salaire annuelle de quatre pour cent, simplement pour rétablir l’équilibre, dans une province dont le gouvernement n’a pas été capable de contrôler les coûts d’énergie et les primes d’assurances.

Allen ajoute que pour plus de stabilité, le syndicat veut une convention collective de trois ans.

Le représentant de l’Est du Canada de TNG, David Esposti, soutient que l’employeur cherche à «briser» le contrat.

Une décennie de pressions constantes et de réductions a transformé le local 30636 en un pâle reflet de ce qu’il était, admet Esposti, qui ajoute que l’éditeur Mlodecki est bien connu pour réduire les milieux de travail à leur plus simple expression.

«Lorsqu’il est entré au service de Brunswick News, il a immédiatement mis à l’essai ses méthodes au Fredericton Daily Gleaner, pour les perfectionner par la suite au Saint John Telegraph-Journal. Il tourne maintenant son attention vers Moncton», soutien Esposti. «Partout où se rend Victor, les problèmes commencent.»

L’éditeur a eu la main lourde, à Moncton, où il a licencié plusieurs pressiers et fonctionné pendant plus d’un an avec un personnel réduit, en attendant la fin du droit de rappel des employés mis à pied. Lorsqu’il a eu le droit d’embaucher de nouveaux employés, il les a appelés «manutentionnaires de papier», et les paye 13$ l’heure, la moitié du salaire d’un pressier. Mlodecki tente d’insérer dans le contrat une nouvelle classification – manutentionnaires de papier – pour légitimer sa tactique.

Après l’interruption de la conciliation, en automne dernier, l’équipe de négociation du local a demandé au gouvernement un rapport recommandant de ne pas instituer de commission de conciliation, qui a été reçu fin novembre.

Dès la fin de la période de grâce, Allen a convoqué une réunion des membres et, après avoir soigneusement étudié l’offre de l’entreprise, a reçu ce vote unanime.

Depuis, l’employeur et le local ont convenu de se rencontrer de nouveau, et de déterminer les dates de ces rencontres au début de l’année. D’ici là, les deux parties se sont engagées à ne pas recourir à la grève ou au lock-out.